2ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 4 avril 2010Dimanche de la miséricorde
Textes bibliques : Lire
C’était au soir du premier jour de la semaine, non pas le lundi mais le dimanche de Pâques. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient car ils avaient peur des juifs. Un climat de haine et de violence avait entraîné la mort de Jésus sur la croix. C’est toute la foule qui s’était monté contre lui. Un tel acharnement ne pouvait que se retourner contre les disciples. Alors ils se cachent et ils verrouillent les portes. C’est une réaction bien naturelle car ils ne se sentent plus en sécurité.
Cette peur, nous la connaissons bien et certains plus que d’autres. Marcher à la suite de Jésus n’est pas sans risque. Nous vivons dans une société qui n’est pas un modèle de vertu. Quand l’Eglise dénonce cette permissivité, elle est tournée en dérision. On l’accuse de vouloir imposer une morale d’un autre temps. Ce n’est qu’un exemple du mépris que doivent subir les chrétiens. Et c’est toujours la même peur et le même embarras qui nous hantent. Alors, comme les disciples, nous avons tendance à nous replier sur nous-mêmes. La foi reste dans le domaine du privé alors qu’elle devrait éclairer tous ceux qui nous entourent.
Mais voilà que Jésus rejoint les apôtres dans leur enfermement. Et il continue à nous rejoindre dans les nôtres. Pour lui, les barrières, ça ne compte pas. Il est présent au-delà de toutes les clôtures où les hommes s’enferment. Il nous rejoint au cœur de nos déroutes. Il est là quand nous sommes tentés de nous replier sur nous-mêmes, quand nous nous séparons des autres par crainte ou par découragement. Au-delà de la mort, il demeure “Emmanuel”, Dieu avec nous. Il est présence inattendue. C’est cette présence du Christ ressuscité que nous sommes invités à accueillir dans notre vie.
Les premières paroles de Jésus à ses disciples ne sont pas des reproches. Et pourtant, il aurait pu. Pierre l’avait renié trois fois. Tous l’avaient abandonné au moment de sa Passion. Mais son intention est tout autre : c’est de paix qu’il leur parle ; cette paix c’est la joie retrouvée qui chasse la peur, c’est la miséricorde et le pardon, c’est la réconciliation. Au moment de les envoyer en mission, il veut les libérer de cette angoisse qui les obsède. En lui, c’est Dieu qui est là pour relever les pécheurs et leur redonner force et courage en vue de la route qu’ils auront à parcourir.
Ces paroles de Jésus sont exactement à l’opposé de celles de notre monde. Cette société devenue si permissive est responsable de bien des dérives. Et pourtant, au lieu de se remettre en question, elle ne pense qu’à juger et à condamner celui ou celle qui a fauté. Et quand le coupable a payé sa dette, on continue à l’enfoncer. On ne lui laisse aucune chance. En ce dimanche de la miséricorde, nous pouvons demander au Seigneur qu’il nous apprenne à voir ceux qui nous entourent avec le même regard que lui-même. Il compte sur nous pour être des messagers de paix.
Dans un monde hostile ou indifférent, il est important que nous donnions l’image d’une Eglise ouverte et accueillante. L’Eglise n’est pas une institution parmi d’autres. C’est l’Eglise de Jésus Christ et nous sommes tous responsables de l’image que nous en donnons. Nous sommes envoyés dans ce monde pour lequel Jésus a donné sa vie sur la croix. A travers nous c’est lui qui est là et qui agit pour lui donner sa paix. Ils sont nombreux, autour de nous, ceux et celles qui vivent dans l’angoisse et la peur. Ils ont besoin de rencontrer autour d’eux des témoins de cette joie et de cette espérance que le Seigneur met en nous.
Bien sûr, rien ne serait possible sans la foi. Dans l’évangile de ce dimanche, nous avons l’exemple de Thomas qui est qualifié d’incrédule par Jésus lui-même. C’est vrai qu’il n’a accepté de croire que ce qu’il pouvait voir. Mais les autres disciples n’avaient aucune raison de se sentir meilleurs. Quand les femmes leur ont annoncé qu’elles avaient vu Jésus ressuscité, ils les ont traitées de “radoteuses”. Thomas n’a donc pas été pire que les autres. Bien au contraire, il est allé beaucoup plus loin dans sa foi. Il a été le premier à reconnaître en Jésus “Mon Seigneur et mon Dieu.”
Le même Christ nous rejoint chaque dimanche pour nourrir et raviver notre foi. Puis à la fin de la messe, nous sommes envoyés dans le monde auprès des enfants, des jeunes, des adultes, des malades et des bien portants. N’oublions pas ceux sont enfermés dans la violence, la haine, l’exclusion. Comme les apôtres, ils sont tous appelés à se laisser transformer par la miséricorde du Seigneur. C’est tous les jours qu’il fait le premier pas vers nous. Son grand projet c’est de libérer tous les hommes et de les combler de son amour.
Dieu de miséricorde, garde nos pas sur le chemin de la paix. Donne-nous ton Esprit Saint qui nous fera sortir de nos peurs. Ainsi, nous pourrons aller dire à tous que tu es un Père très aimant qui nous appelle à partager ta vie. Amen
D’après diverses sources
Dimanche : Paix et Mission
Jadis on enseignait qu’un catholique devait aller régulièrement à la messe du dimanche. Puis constatant que bien des “pratiquants” ne mettaient pas en pratique, dans leur vie quotidienne, ce qu’ils confessaient le dimanche, le concile Vatican II adjura les chrétiens d’assumer leurs responsabilités dans le monde. Le mot “pratique” en vint du coup à désigner les vertus morales, le chrétien étant celui qui s’engage dans la cité et se dévoue au service des autres. Certains en conclurent que l’on pouvait dès lors abandonner la pratique religieuse taxée d’hypocrite, désuète, inutile. Et comme, par ailleurs, on ne voulait plus d’une Eglise autoritaire qui osait dicter des commandements – notamment celui d’aller à la messe du dimanche – et que l’on insistait sur la liberté religieuse qui se décide en dehors de toute tradition et de toute contrainte, les nouvelles générations en vinrent à déserter la messe dominicale. Pour un certain nombre, être chrétien, ce serait prier un peu, être pour les droits de l’homme, aller en pèlerinage à Taizé et manger bio.
NOTE: ce diagnostic ne vaut que pour l’occident: au Vietnam, en Chine, en Afrique, les églises sont remplies de jeunes.
L’Evangile d’aujourd’hui se dresse en faux contre cette dérive désastreuse.
NOUVELLE PRESENCE
C’était après la mort de Jésus, le soir du 1er jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient car ils avaient peur des Juifs.
Jésus vint, il était là au milieu d’eux.
“Dimanche” inaugural de la nouvelle histoire du monde. Les disciples sont enfermés – moins dans un local que dans leur passé. Car ils viennent de commettre le péché le plus ignoble de leur vie: ils ont renié le maître qu’ils aimaient, abandonné celui qu’ils avaient promis de défendre. Prison du remords.
Soudain IL VIENT. Aucune explication. C’est bien lui, le même et autre. “Il ne leur vient pas à l’idée”. Ils ne sont pas l’objet d’une hallucination. Ils n’exorcisent pas leur peur en inventant un mythe, ils ne se consolent pas par une projection.
IL VIENT et les murs s’effritent.
Le mur de la loi qui les condamnait.
Le mur du remords et de la peur qui les enfermait.
Le mur de leur supériorité d’hommes – puisque c’est une femme, Marie Madeleine, qui, la première, avant eux, a vu le Seigneur vivant.
Le mur de la mort – puisqu’IL l’a traversée.
Le mur qui séparait Juifs et Romains – puisque Jésus a donné sa vie pour l’humanité.
IL VIENT ET IL EST LA AU MILIEU D’EUX. Au milieu de son Eglise humiliée, souillée et tremblante. Il ne déchaîne pas sa colère, n’exige même pas un temps de dure pénitence, ne rejette pas ces minables pour choisir d’autres hommes plus courageux.
“Il n’a pas mal à son Eglise”: il a vécu le mal le plus horrible POUR ELLE !
C’est son Eglise, c’est pour elle qu’il a donné sa vie en croix. Son amour n’est pas la récompense de leurs vertus mais la cause de leur nouvelle fidélité.
Pourquoi est-il AU MILIEU ? Parce que le rassemblement des hommes est la réalisation du projet de Dieu, l’effet direct de sa Passion, ce pour quoi il est mort et ressuscité: “pour rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés” (11, 52)
Jésus leur dit: ” La Paix avec vous”. Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté.
Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Il nous arrive, ulcérés, de lancer à l’autre: ” Regarde ce que tu m’as fait !”. Retrouvant ses apôtres infidèles, Jésus leur donne la paix: Shalom. Et il attire leurs regards sur la source de cette paix: ses plaies. Les marques de la haine des hommes et de la lâcheté des disciples sont transfigurées en signes de l’amour de Dieu. Les souvenirs amers des péchés deviennent ouvertures sur le cœur de Dieu. Le sang d’Abel criait vengeance: le sang de Jésus clame miséricorde.
Dans la liberté retrouvée, éclate la joie inouïe de Pâques ! L’indicible est suggéré dans la simplicité des mots.
LE DON DU SOUFFLE
Jésus leur dit de nouveau: ” La paix soit avec vous ! De même que le Père m’ envoyé, moi aussi je vous envoie”. Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit: ” Recevez l’Esprit-Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus”.
Dans les “Actes des apôtres”, Luc reporte le don de l’Esprit à la Pentecôte, fête de la Loi 50 jours plus tard afin d’expliquer que l’Esprit crée la Nouvelle Alliance. Mais alors naît le risque de séparer Passion de Jésus et don de l’Esprit, de vouloir une “spiritualité” qui serait exaltation de l’ego, émotion superficielle, développement de soi. Pour Jean, le don du Souffle se situe au jour même de Pâques, c’est le Ressuscité avec ses plaies qui l’offre. Il n’y a de spiritualité vraie que “pascale”.
Par ce geste du souffle, Jésus Seigneur crée la première cellule de l’humanité nouvelle. Du coup ces hommes ne sont pas seulement libérés mais ils deviennent des envoyés vers tous leurs frères humains. Il n’y a qu’un mouvement, qu’une mission: le Père envoie le Fils qui envoie ses disciples. C’est un unique élan, la même dynamique. Le “missionnaire” n’est pas une catégorie spéciale de chrétiens: confesser la foi, c’est être en envoi. Pour quelle tâche ? Offrir le pardon. Rejoindre les humains au sein de tous leurs enfermements, au cœur de leurs misères. Les libérer à leur tour du poids de leur passé. Leur ouvrir un avenir. Les remettre debout.
DE DIMANCHE EN DIMANCHE
Thomas, l’un des douze, n’était pas là. Les autres ont beau lui asséner la nouvelle: ni leur joie, ni leur unanimité ne le convainquent. Il veut voir ! Il devra attendre “huit jours plus tard”, c’est-à-dire le dimanche suivant. Et s’il aura la grâce d’une apparition, ce sera avec un reproche:
“Parce que tu as vu, tu crois ? Heureux ceux qui croient sans avoir vu”.
Ainsi contrairement à la disposition de beaucoup d’agendas et au titre d’une émission de la TV belge, le lendemain du shabbat (samedi) n’est pas “le 7ème jour” mais LE PREMIER. C’est en ce jour que Jésus est ressuscité, il mérite bien d’être appelé non “jour du soleil” comme en certaines langues (sunday, sonntag…) mais JOUR DU SEIGNEUR JESUS – en latin “domenica dies” d’où le mot français DIMANCHE.
En ce jour, à la suite des premiers disciples, il est essentiel que les chrétiens se réunissent et refassent l’expérience qu’aucun d’eux n’est centre – ni le prêtre, ni le pape, ni le catéchisme- mais seul le Seigneur vivant.
Chaque dimanche, alors que nous sommes enfermés dans le brouillard de nos problèmes et le souvenir de nos faiblesses, nous entendons la voix du Seigneur qui rappelle son supplice: ” Ceci est mon corps…ceci est mon sang…pour vous”.
L’Eucharistie transforme l’horreur du péché en honneur de communion. Si Jésus revient au milieu de notre présent, nous ne sommes plus prisonniers du passé et le Souffle de Dieu nous ouvre un avenir: le Père. L’assemblée chrétienne du dimanche est la perpétuelle renaissance d’une humanité réconciliée. Le Verbe de Dieu parle pour que le peuple connaisse sa mission et le Vent de Dieu souffle afin qu’il la remplisse d’urgence. Car y a-t-il rien de plus essentiel que de révéler aux hommes qu’ils sont aimés de Dieu, que son Fils leur offre la paix, que les verrous des peurs, des rancœurs et des vengeances peuvent sauter ?…
Il est trop simple de se lamenter sur l’absence des jeunes à nos célébrations. Cherchons d’abord ensemble comment les améliorer à la lumière de notre évangile.
– La messe est-elle habitude de fin de semaine (“week-end” !! )…ou seuil d’une nouvelle étape de vie ?
– Acceptons-nous d’y reconnaître nos faiblesses, de recevoir et de nous partager le pardon de l’agneau immolé ?
– Chacun se cantonne-t-il dans son coin ou acceptons-nous de former un peuple où Jésus vivant est au milieu ?
– Est-ce que notre joie se manifeste et témoigne de la Vie reçue ?
– En sortons-nous avec le projet de partager les trésors que nous y avons reçus ?
Au fond, le temps pascal nous est donné pour découvrir le bonheur promis à celles et ceux qui croient sans avoir vu. Il s’agit d’apprendre à ne plus nous accrocher à des représentations de Jésus qui reviennent à refuser son absence. Par exemple, ne cherchons pas jésus dans l’hostie. Ce n’est pas cela que les disciples ont reconnu à Emmaüs, mais plutôt le ressuscité reproduisant le geste de la dernière Cène. Il a fallu ce simple geste pour leur faire prendre conscience que leur cœur brûlait en entendant leur compagnon de route leur expliquer les Écritures. La fraction du pain en chaque eucharistie ouvre ainsi nos yeux non seulement sur le Ressuscité, mais aussi sur nous-même et sur l’œuvre de Dieu.
On ne grandit dans le Christ qu’en acceptant son absence et celle de Dieu. Autrement dit, on n’approche Dieu qu’en se déprenant de lui: en déchirant les images toujours trompeuses qu’on se fait de lui, en cessant de s’adresser à lui comme à un vis-à-vis dont on cherche à s’attirer les bonnes grâces, en se laissant tout simplement envelopper, aimer par son mystère. Il a fallu plus d’une apparition pascale pour que ce mystère libère les disciples de leur peur, de leur nostalgie, de leur démotivation. Il faudra sans doute une nouvelle Pentecôte pour réveiller aujourd’hui l’audace chrétienne.
(Jacques Lison)
Et pourtant, je crois sans avoir vu. En effet, je sais voir Jésus à travers la joie des autres et le rayonnement de leur visage, la vie divine répandue en abondance.
Par contre, je vois la souffrance de Jésus dans toutes les personnes qui souffrent dont je fais parfois partie.
La Résurrection est toujours signe de Partage. Aussi, je fais de mon mieux pour accueillir tout un chacun dans ma demeure et dans mon cœur. Je n’oublie pas aussi de donner selon mes moyens pour mes frères qui souffrent et j’essaie d’avoir une écoute profonde et vraie.
Seigneur, merci de tout cœur car la cohabitation avec mon mari à la retraite se passe très bien.
Je veux toujours être ta servante.
Christiane
Avec joie, dimanche passé, nous avons fêté, chanté, Jésus ressuscité, toujours vivant ; proclamé sa victoire sur l’Esprit du mal et la mort. Comme l’Apôtre Thomas, dont nous allons parler, nous voici huit jours après, peut-être, comme lui, avec interrogation sur notre foi en la résurrection du Christ. Pas facile d’y croire ! L’Evangile (Jean 20, 19-31) nous montre les disciples de Jésus juste après sa crucifixion et sa mise au tombeau, enfermés, verrouillés dans « la peur des Juifs ». Ils craignent pour leur propre vie. Bien des choses leur ont échappé sur ce qu’ils ont vécu avec le Seigneur. Ils n’ont pas saisi ses paroles de résurrection, cru Marie Madeleine certifiant avoir vu Jésus ressuscité. Un rêve de gloire et de libération s’est effondré devant ce qu’ils viennent de vivre. Quel échec !
Soudain Jésus est « là au milieu d’eux ». « La paix soit avec vous ». Il les rassure et leur montre « ses mains et son côté », marques de sa crucifixion. C’est bien Lui ! Quelle « joie en voyant le Seigneur ». Sans attendre et sans reproche il leur donne une mission : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». C’est le don de l’Esprit Saint : « Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis » : son pouvoir de pardonner les péchés il le transmet aussi à ses apôtres.
Divine miséricorde de Jésus ! Il est venu pour sauver une humanité prisonnière du péché sous toutes ses formes et surmonter une tentation toujours renaissante sous bien des aspects. Quel don merveilleux à ceux qu’il a choisis, sans aucun mérite de leur part, et dont chacun peut bénéficier du pardon accordé. « Eternel est son amour ». Rendons grâce au Seigneur : Chantons sa miséricorde !
Le livre des Actes (1ère lecture), après le départ du Christ vers le Père, nous rapporte la transformation des Apôtres et leur engagement à accomplir la mission confiée : « par leurs mains beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple ». Eloge prodigué mais soulignée la difficulté à se joindre à eux. Pourtant « de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi ». Si amenés à eux « gens malades ou tourmentés par des esprits mauvais étaient guéris » la foi est acte d’adhésion postulant progression, confiance et amour. Croire en l’existence ne suffit pas, ni pour Dieu, ni à fortiori pour Jésus ressuscité. « Je suis le Premier et le Dernier, je suis le Vivant : j’étais mort, mais me voici vivant pour les siècles des siècles, et je détiens les clés de la mort et du séjour des morts » nous dit l’Apocalypse (2ème lecture). Y croyons-nous vraiment, sans douter ?
Revenons à l’Evangile. « L’un des Douze, Thomas, n’était pas avec eux (les Apôtres) quand Jésus était venu ». Ils lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur !» Thomas refuse de croire sans avoir vu les marques des clous et de son côté jusqu’à les toucher. Comme le dimanche précédent Jésus apparaît, messager de paix. Il invite Thomas à le toucher et lui dit: « cesse d’être incrédule, sois croyant ». Confondu Thomas dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » : foi en Jésus ressuscité et en sa qualité divine. Celui-ci lui dit : « parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
C’est notre cas : croire, après les témoins, en la parole de tous ceux et celles choisis dans son Eglise pour transmettre cette Bonne Nouvelle. Jésus incorpore des humains à sa mission rédemptrice. Il s’agit de croire nous dit St Jean « que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu » afin que par la foi nous ayons « la vie en son nom », vie et joie éternelles au Royaume des cieux.
« Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? L’homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles » (Psaume 23).
Jésus a dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». Reconnaissons que ce Chemin n’a rien d’une auto-route. Il se présente comme montée accidentée, soumise aux tentations d’arrêts et fuites vers les idoles, collines aux noms de domination, orgueil, haine et violence, plaisirs charnels, et surtout Argent ! Un cœur pur aime à l’image du Christ, installe la Vérité au même titre que l’Amour pour atteindre la vraie Vie. Elle nous est transmise dans l’Eucharistie, Christ vivant, particulièrement chaque dimanche, pour devenir, le jour venu, comme Lui, ressuscités et transfigurés.
Marie, Notre Dame de l’Univers, Notre Dame de toutes grâces, Notre Dame de la Paix,
priez pour nous qui avons recours à vous !
Le deuxième dimanche de Pâques inaugure ce temps joyeux qui met en lumière le Christ ressuscité. Jean-Paul II, en avril 2000, a proclamé ce dimanche «Dimanche de la miséricorde divine. »
La miséricorde, c’est le cœur qui se penche sur le malheur ou la misère des autres : elle se traduit par toutes sortes d’actions en faveur des plus démunis. Ce sentiment n’a pas que du cœur, il a donc aussi des mains.
La miséricorde de Dieu s’adresse d’abord au mal le plus profond qu’il y a en nous : notre péché. Par la suite, elle rejoint toutes sortes de maux qui nous affligent : maladies, infirmités, souffrances, épreuves diverses.
La miséricorde de Dieu prend sa source dans son amour éternel. Le psaume de ce dimanche le dit clairement : « Le Seigneur est bon et son amour est éternel. » (Ps 117, 1). C’est parce que le Seigneur nous aime tous, qu’il n’est jamais indifférent à notre souffrance et particulièrement à celle que nous occasionne notre péché. C’est au nom de cet amour pour nous qu’il nous a envoyé son Fils unique, que celui-ci a souffert sa passion, est mort et est ressuscité pour notre salut.
Le premier objet de la miséricorde de Dieu est notre condition de pécheurs. Les Évangiles sont pleins de récits nous montrant l’attention toute particulière que Jésus porte aux pécheurs. Rappelez-vous son action auprès de la pécheresse publique, de la femme adultère, de Lévi, de Zachée, du paralytique introduit par le toit, du larron.
L’Ancien Testament fourmille également de passages où l’ont voit le même amour de Dieu pour les pécheurs.
Cet amour de miséricorde s’exprime aussi envers les personnes qui souffrent d’un mal quelconque. Les Évangiles nous révèlent que Jésus est le témoin actif et éloquent de cette miséricorde. Voyez-le guérir les malades, rendre la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, la marche aux boiteux et aux paralysés. Voyez-le réintégrer les marginaux (lépreux) dans la société…
La première lecture tirée des Actes des apôtres, nous présente l’Apôtre Pierre exerçant, au nom de Jésus, cette miséricorde envers les malheureux qu’il rencontre. Même son ombre réussit à leur apporter du réconfort et la guérison.
Deux conditions sont requises pour que la miséricorde divine puisse s’exercer : reconnaître sa pauvreté et croire en la bonté du Seigneur et, dans l’Évangile de ce jour, Thomas est un exemple signifiant de ces deux conditions. Il voit bien que sa foi est déficiente, il se sent démuni devant le fait de la résurrection du Seigneur ; à sa manière, c’est un pauvre, un malheureux, victime de son entêtement et de son aveuglement. Mais c’est en même temps quelqu’un qui a l’humilité d’accueillir Jésus, de l’écouter, lui parler et de regarder les cicatrices de ses plaies.. Thomas, le pécheur, redevient croyant. Thomas, le faible, se sent aimé de Jésus au-delà de son doute. C’est pourquoi sa profession de foi est tout à fait magnifique : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » lui dira t-il.Croyons à la miséricorde infinie de Dieu qui nous aime tous, personnellement, sans aucune condition ni réserve.
Nous sommes les privilégiés du Seigneur : Il est toujours prêt à nous donner son pardon. Pourquoi nous en priver ? Par le Sacrement de la Réconciliation, le Seigneur nous témoigne de sa miséricorde infinie.
À notre tour, sans condition, soyons miséricordieux envers nos frères et nos sœurs : en nous efforçant de pardonner à ceux et à celles qui nous ont fait du mal. Si nous sommes contents que le Seigneur nous pardonne nos fautes, comment pourrions-nous retenir notre pardon envers ceux ou envers celles qui ont fauté contre nous ?
À l’exemple de Pierre, appliquons-nous à aider, selon nos moyens et à notre façon, les plus malheureux que nous.
La miséricorde divine est le plus beau joyau du cœur de Dieu. C’est le plus grand cadeau qu’il puisse nous faire. Sa miséricorde nous délivre de notre faute et nous réconcilie avec lui, avec les autres et aussi avec nous-mêmes. C’est pourquoi notre foi en cette miséricorde est si grande. Amen.
Michel Houyoux, diacre permanent